Lee BATES

(1938 - 2004)

Chanteur

Soul Music

12/08/1938

Obie Leroy Bates est né à Magnolia, dans le Mississippi (en 1941 selon Jeff Hannusch ; en 1943 selon ‘Soul Express’). Le jeune Leroy grandit en écoutant la musique de gens comme John Lee Hooker, assis tranquillement sous le porche de la maison pendant les chaudes nuits d’été. Avec sa famille, il s’installa dans le quartier de Central City à New Orleans, près de Dryades Street, alors qu’il a 14 ans. Cette période est assez dure pour le gamin qui, bien qu’attiré par la vie urbaine, doit se défendre en permanence contre les autres gosses qui se moquent de son accent rural du Mississippi. Mais il est costaud et s’en sort bien à chaque fois ! Il quitte le lycée très tôt et décharge des bateaux pour aider sa famille. Son destin de docker semblait tout tracé mais le hasard en décida autrement lorsqu’un break Chevy de 1958 tout neuf  fit irruption chez lui. A cette époque, Chris Kenner sortait avec sa sœur et Sick And Tired marchait très fort. Il grimpa dans la voiture pour faire le beau mais se fit jeter par Kenner.

1960 – 1967

Il ne revit Kenner que deux ans plus tard à l’époque de I Like It Like That et lui demanda s’il se souvenait de lui. C’était le cas et comme Kenner était à ce moment-là à la recherche d’un homme à tout faire et d’un chauffeur, il lui proposa le job. Bien entendu, Bates accepta. Son travail consistait alors à le conduire, évidemment, mais aussi à éviter qu’il ne boive trop… ce qui était le problème principal de Kenner. En plus, il s’occupait d’entretenir ses costumes de scène et de cirer ses chaussures. Il était souvent traité de laquais de Chris, mais peu importe, ce qu’il voulait c’était gagner un peu d’argent et pour cela il fallait que Kenner en gagne aussi !

Un jour, Kenner et Bates se trouvait en tournée dans le nord de la Louisiane avec l’orchestre de Robert Parker. Bates, qui ne demandait qu’à faire autre chose, dit à Parker que Kenner voulait que Bates monte sur scène pour un ou deux titres pour ouvrir le spectacle… bien que ce ne soit pas vrai ! Il chanta Tossin’ and Turnin’ et Tore Up The House et le public en redemanda, mais il ne connaissait que ces deux-là. Après cet épisode, Kenner laissa régulièrement Bates débuter ses concerts.

1967 – 1968

En 1967, après deux années de bons et loyaux services à ouvrir les concerts de Kenner, Bates eut enfin l’occasion d’enregistrer. Un jour qu’il marchait dans Dryades Street, il fut abordé par un homme qui se présenta comme Doc (Victor Augustine, un auteur de chansons, qui avait également un magasin de souvenirs et de confiseries). Il avait un piano et lui dit qu’il avait écrit une chanson, She’s Got Bad Understanding, et qu’il voulait que Bates la chante. Mais ce dernier, pensant que Doc était un homosexuel, n’était pas vraiment décidé. Finalement, il chanta la chanson et Doc l’enregistra sur un petit magnétophone, lui disant ensuite d’emmener la bande à Cosimo Matassa et de la lui faire écouter. Cosimo aima la chanson et Bates entra en studio pour la réenregistrer. Le Bad, Bad Undestanding fut publié sur White Cliffs, le label de Matassa, sous le nom de Leroy Bates, avec I’m Forever Crying en face B. Le disque ne mit pas le feu à New Orleans, mais marcha suffisamment bien pour que Bates puisse se produire en ville et en Louisiane. Son groupe comprend alors deux membres des futurs Meters, George Porter et Zigaboo Modeliste.

1968 – 1975

Après la faillite de White Cliffs, en 1968, Kenner emmena Bates sur le label où il était, Instant. Tout d’abord, il réenregistra Bad, Bad Understanding qui fut publié avec un titre de danse sur la face B, Simon Days. Le single marcha suffisamment pour inciter Joe Banashak à continuer l’aventure. Lee Bates enregistra plusieurs 45t pour le label et obtint quelques petits tubes comme Why Don’t You Write, Key To My Heart et I Do Things Come Naturally. En 1971, il enregistra notamment Mean Mistreater, un titre produit par Huey ‘Piano’ Smith. Comme beaucoup de gens lui disaient qu’il sonnait comme Wilson Pickett, il se mit à jouer plusieurs de ses titres. Un jour, lors d’une session d’enregistrement, les deux chanteurs se rencontrèrent et Pickett, bien que l’ayant remercier de chanter ses chansons, lui conseilla plutôt de faire ses propres chansons ! Ce qu’il fit. Le dernier single qu’il fit pour Instant fut What Am I Going To Do / Your Love Is Slipping Away en 1975. Le disque obtint un beau succès régional et fut réédité par Nine Chains Records, mais resta sans suite.

1976 – 1985

Bates signa alors avec Toussaint et Sehorn sur Sansu Records, avec qui il restera huit ans. Il obtiendra encore quelques tubes, notamment avec Shake Baby Shake , Help Me Make It Through The Night et Wishing, Waiting, Hoping, la plupart produits par Isaac Bolden.

Durant les années 80, Lee Bates devint une attraction dans le French Quarter jouant dans quasiment tous les clubs à touristes de la rue Bourbon. En 1983, Lee Bates, qui était dans une mauvaise passe, persuada Louis Karno du club Famous Door, de l’engager avec son orchestre. Contrairement à toute attente, le club retrouva une deuxième jeunesse grâce à Bates qui remplit la salle tous les soirs. Il passa ensuite au Crazy Corner. A cette époque, il se faisait environ 7 à 800 dollars par semaine !

1985 – 2004

Mais les temps devinrent plus durs et Bates dû abandonner le Quartier Français et chercher des engagements ailleurs, parfois loin de New Orleans. A plusieurs occasions, des artistes connus lui avaient suggéré d’enregistrer des reprises de chansons d’Otis Redding. Ce fut le cas avec James Brown dans les années 70, puis avec Marvin Gaye dans les années 80. Encore, vers le milieu des années 90, lors d’un concert au Tipitina’s en première partie de Morris Day and The Time, on lui dit à nouveau qu’il sonnait vraiment comme Otis Redding. Ce fut le déclic et il conclut un accord avec Carl Marshall de Gifft Studio pour produire un disque de reprises d’Otis. Le disque, intitulé, Stop Leanin’ On The Wall, fut publié en 1998. Il s’appuie ensuite sur ce CD pour poursuivre sa carrière musicale.

En mars 2000, un concert de soutien à Lee Bates fut organisé au Mother-In-Law de Ernie K-Doe… a priori pour venir en aide à un Lee Bates malade !?

24/12/2004

La veille de noël 2004, Lee Bates tire sa révérence.

N’ayant enregistré qu’une vingtaine de 45t dans les années 60 et 70, Lee Bates reste relativement méconnu… peut-être parce qu’il n’avait pas un son typiquement néo-orléanais ! Pourtant sa voix très ‘deep soul’ aurait méritée mieux. Reste l’album de 1998 où il rend hommage à Otis Redding, l’un de ses inspirateurs.

Discographie

Nothin’ Is Impossible (en cassette uniquement !)

Magnolia

1993

Stop Leanin’ On The Wall

Magnolia

1998

Overnight Sensation

Prime Masters

2006

Pour en savoir plus : The Soul of New Orleans, A legacy of Rhythm and Blues de Jeff Hannusch, dans lequel l’auteur lui consacre un chapitre

Internet : souldetective.blogspot.com/2006/04/case-two-lee-bates.html ;