Roy BROWN

(1925 - 1981)

Chanteur

Rhythm and Blues

10/09/1925

Naissance à New Orleans de Roy, fils de True Love Brown, une femme d’origine indienne algonquin, et de Yancy Brown.

Années 1920 et 1930

Son père, plâtrier, amène sa famille à Eunice, où ils s’installent. Roy est encore très jeune, et sa mère l’initie très tôt à la musique à travers la chorale de l’église dont elle s’occupe. Roy écrit bientôt des chansons pour le quartet religieux qu’il met sur pieds dès l’âge de douze ans. Déjà il se fait gronder par sa mère qui considère qu’il met trop de rythme dans ses spirituals ; ces spirituals qu’il chante souvent avec les autres travailleurs qui, comme lui, gagnent leur vie en coupant la cane, en ramassant le coton ou en récoltant le riz.

1940 – 1943

Après le décès de sa mère, alors qu’il a quatorze ans, son père l’emmène à Houston, au Texas, où Roy entre au lycée. Puis c’est à Los Angeles qu’il va s’installer, une fois ses examens en poche. Là, il tente de devenir boxeur professionnel. Poids walter, Roy prétendait avoir gagné seize des dix-huit combats qu’il a fait ! Il laissera finalement tombé la boxe et raccrochera les gants, avouant ne pas supporter la vue du sang.

1943 – 1946

Toujours passionné de musique, Roy s’inscrit à un concours amateur au Million Dollar Theatre, et remporte le premier prix en imitant son idole, Bing Crosby sur I Got SpursThat Jingle, Jangle, Jingle. Fort de ce succès, il participera à toutes les soirées de ce genre qu’il pourra, et remporte pas mal de prix. Mais cette même année, il doit rentrer à Houston où il est incorporé dans l’armée. Réformé à cause de pieds plats, Roy Brown commence à chanter dans les divers clubs de Houston. Ce « chanteur noir qui chante comme un blanc » attire l’attention d’un propriétaire de club de Shreveport qui l’engage pour 125 dollars la semaine. Son répertoire, jusqu’alors exclusivement composé de chansons de Bing Crosby, commence à intégrer des blues. Roy restera neuf mois au Billy Riley’s Palace Park, qui sera détruit par un incendie !

1946 – 1947

Roy revient au Texas, à Galveston, et chante des imitations des Ink Spots et de Bing Crosby pendant quatre mois au sein de l’orchestre de Joe Coleman. Il montera ensuite sa propre formation, Les Mellowdeers. Devenu l’attraction de Club Granada, il décroche un contrat avec la station de radio KGBC et devient ainsi le premier artiste noir à se produire régulièrement dans une émission de radio. C’est à cette époque que Roy (ou son pianiste Joel Harris, selon certains !) écrivit Good Rockin’ Tonight. Initialement, c’est le trompettiste Wilbert Brown qui chantait la chanson mais, au dernier moment, pris d’un malaise, il dut laisser Roy le faire. Contrairement à son style habituel, il attaqua la chanson très fort avec une voix de fausset. Le succès fut immédiat et Roy intégra la chanson à son répertoire. Peu de temps après, Roy dut quitter les Mellowdeers pour rentrer rapidement à New Orleans suite à une histoire avec la fille d’un patron de club.

1947

De retour à New Orleans, Roy Brown propose sa chanson à Wynonie Harris qui, bien que refusant, l’autorise à la chanter pendant l’entracte. C’est ainsi que, sur les conseils d’un membre de l’orchestre, Roy présente sa chanson à Cecil Gant. Ce dernier, très impressionné, contacta Jules Braun des disques DeLuxe qui décida de prendre le risque.  Il dit à Cecil Gant d’avancer cent dollars à Roy Brown et d’attendre sa venue à New Orleans où il devait de toute façon se rendre pour enregistrer Paul Gayten et Annie Laurie. Quatre jours plus tard, Roy, qui avait écrit trois autres chansons, entrait au studio J&M avec l’orchestre de Bob Ogden. Jules Braun ramena les bandes sur la Côte Est et Roy fut alors engagé par Bob Ogden pour jouer au restaurant Black Diamond. Good Rockin’ Tonight parait en mai 1947 et l’orchestre déménage dans un club plus prestigieux, le Robin Hood. L’impact de la chanson est immédiat à New Orleans, et Roy devient vite la principale attraction musicale de la ville. Roy s’associe alors à un autre blues shouter, Clarence Samuels. Accompagné de l’orchestre d’Edgar Blanchard, ils sont engagés au club Down Beat, sous le nom des ‘Blues Twins’, pour quatre dollars la semaine. Le succès est au rendez-vou et el club est plein tous les soirs. Cependant, grâce au succès grandissant de Good Rockin’ Tonight, les demandes de prestation solo de Roy affluent. Le Down Beat ira jusqu’à 10 dollars la semaine pour les conserver. Finalement, Roy forme son propre orchestre, dirigé par le trompettiste Teddy Riley, afin de répondre à l’offre du Starlight qui lui propose 10 dollars par soirée ! Sa notoriété commence àa une ampleur nationale. A la fin de l’année, il avait enregistré 22 titres pour DeLuxe, dont huit furent édités.

1948 – 1951

Avec ses disques au sommet des hits-parades, Roy Brown parcours le pays, faisant jusqu’à trente soirées par mois ! Cette vie, sur la route en permanence, durera jusqu’en 1954. En moins de deux ans, de novembre 49 à août 51, Roy Brown réussit à placer pas moins de six titres dans le Top 10 R&B : Boogie At Midnight (N° 3 – 11/49), Hard Luck Blues (N° 1, 07/50), Love Don’t Love Nobody (N° 2, 09/50), Long About Sundown (N° 8, 11/50), Cadillac Baby (N° 6, 11/50), et Bog Town (N° 8, 05/51).

1952

Les disques King rachètent le contrat de Roy en même temps que tout le catalogue DeLuxe, ce qui n’est pas de son goût ! En effet, Syd Nathan, le patron, avait la réputation de ne pas payer les droits d’auteur (Roy ne sera référencé à BMI qu’à partir de 1957 !). Roy continue cependant de tourner et d’enregistrer à un rythme effréné.

1953

Au sommet de sa carrière, Roy Brown découvre qu’il se fait escroquer par Jack Pearl, son manager, qui, avec Ben Bart, son agent, et Syd Nathan, faisaient signer à Roy un faux contrat, largement minoré, et empochaient la différence ! Roy porta plainte auprès de l’union des musiciens, mais son agence, Universal Attractions, lui rendit la vie infernale, par exemple,  en l’engageant simultanément à deux endroits différents, donnant ainsi à Roy la réputation de ne pas honorer ses contrats. Roy fut contraint de gérer seul ses engagements.

1954 - 1956

En 1954, Elvis Presley publie sa propre version de Good Rockin’ Tonight… et va précipiter la chute de Roy Brown ! En effet, le rock’n’roll naissant révolutionne l’industrie de la musique populaire. Et Roy vend de moins en moins de disques. Il se libère de son contrat avec King et signe chez Imperial, espérant prendre un nouveau départ.

1956 – 1959

Sous la houlette de Dave Bartholomew, Roy Brown retrouve momentanément une seconde jeunesse. Party Doll entre dans le Top 100 (N° 89) en avril 1957 et Let The Four Winds Blow monte à la 38ème place l’été de la même année. Fort de ses succès, il peut enregistrer de superbes rock’n’roll (Saturday Night, Hip Shakin’ Baby, I’m Ready To play) et reprendre la route. Mais, en 1959, il était devenu démodé et Imperial ne renouvellera pas son contrat. Il retourne alors chez King, mais le succès n’est toujours pas au rendez-vous !

1960 – 1961

Après divers problèmes avec le fisc et le FBI (!), on retrouve Roy à Memphis avec Willie Mitchell. Ce dernier l’enregistre pour le label Home of the Blues. Malgré un petit succès local, à Memphis et New Orleans, Roy jette finalement l’éponge !

1961 – 1967

Pendant six ans, Roy Brown vit en Californie et occupe divers emplois, notamment de vendeur en porte à porte ! En 1967, au hasard d’une rencontre avec Lee Magid, des disques Savoy, Roy décroche une séance d’enregistrement pour ABC-Bluesway. Un 45t fut mis sur le marc, mais l’album prévu ne sortira qu’en… 1973 !

1967 – 1970

Seuls quelques 45t sur de petits labels voient le jour…

Années 1970

Sa prestation avec la revue de Johnny Otis pour la clôture du festival de jazz de Monterey, enregistrée par Epic, démontre que Roy est toujours là ! Dans la foulée, il écrit de nouvelles chansons dont Love For Sale et Mail Man Blues qui obtiennent un petit succès. Peu de temps après, il signe pour un album avec la 20th Century Fow, mais celui-ci ne verra jamais le jour. En 1977, Route 66, le label suédois, réédite une parte de ces titres DeLuxe et l’album devient l’une des dix meilleures ventes dans ce pays, ce qui attire l’attention de l’Europe. L’année suivante, une tournée européenne est organisée et Roy Brown rempli de nouveau les salles comme aux plus beaux jours de sa période DeLuxe. Route 66 mit sur le marché un deuxième album de rééditions, et de nouveaux enregistrements furent effectués avec un groupe suédois. Quand il rentre aux Etats-Unis, les américains se mirent également à lui prêter attention. De nouvelles propositions d’enregistrement et de concerts lui furent faites.

1981

C’est un Roy Brown en super forme qui fait un tabac au Jazz Fest de New Orleans, retrouvant, pour l’occasion, ses anciens complices que furent Dave Bartholomew et Teddy Riley.

21/05/1981

De retour à San Fernando, en Californie, Roy Brown retrouve sa femme et sa fille. Malheureusement, le dimanche soir suivant, il est terrassé par une crise cardiaque.

Roy Brown fut le créateur du Good Rockin’ Tonight, qu’Elvis Presley se chargera de reprendre à la sauce rockabilly pour en faire le succès que l’on sait. Sa contribution à aux ingrédients qui allaient donner naissance au rock’n’roll ne fait aucun doute.

Discographie

Roy Brown & Wynonie Harris

King

1959

Hard Times

BluesWay

1968

The Blues Are Brown

BluesWay

1968

Live at Monterey

Epic

1971

Hard Luck Blues

Gusto

1976

Laughing But Crying Legendary Recordings, Vol. 2 (1947-1959)

Route 66

1977

Good Rockin’ Tonight Legendary Recordings, Vol. 2 (1947-1954)

Route 66

1978

Cheapest Price In Town

Faith

1979

Saturday Nite

Mr. R&B

1982

Mighty Mighty Man!

Ace

1993

Good Rockin’ Tonight: The Best of Roy Brown

Rhino

1994

The Complete Imperial Recordings

Capitol

1995

Courage

Roday

1995

Good Rockin’ Tonight : Live in San Francisco

Acrobat

1995

Greatest Hits

King

1996

Good Rockin’ Brown’s Back In Town

AIM

1997

1947–1949

Classics

2002

Roy Brown

Legends of R&B

2001

Getting’ Funky : The Birth of New Orleans R&B (13 titres)

Proper

2001

1950–1951

Classics

2002

1951–1953

Classics

2004

The Very Best of Roy Brown : Rockin’ at Midnight

Collectables

2004

Mon choix : Laughing But Crying Roy Brown Boogie / Special Lesson  No. 1 / Rainy Weather Blues / End Of My Journey / New Rebecca / Double Crossing Woman / A Fool In Love / Butcher Pete, pt I / Letter From Home / Laughing But Crying / Hurry Hurry Baby / Money Can’t Bye Love / Lonesome Lover / Everything’s Alright / Up Jumped The Devil / School Bell Rock)

Ce premier album Route 66 de rééditions couvre essentiellement la période 1947-1954, plus un titre de 1959 avec certainement Johnny Otis au chant. Il s’agit d’un fidèle reflet du swing de Roy Brown, de ses capacités à s’approprier l’esprit du gospel pour l’intégrer dans un rhythm and blues des plus captivant avant qu’il donne naissance au rock’n’roll.

Pour en savoir plus : Le livre I Hear You Knockin’  dans lequel Jeff Hannush lui consacre un chapitre.

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