La Louisiane

Jusqu'à l'apparition de l'homme blanc entre 1600 et 1700, le territoire était occupé par les indiens. La première expédition d'exploration était espagnole, en 1539, sous le commandement de Hernando de Solo, puis en 1543, sous celui de Luis de Moscoso. La France prendra possession du territoire le 9 avril 1682 par Cavelier de La Salle; il s'agit d'un continent entier qu'il offre à son roi Louis XIV : la Louisiane est née. Désormais l'histoire de la France et celle des Etats-Unis sont liées.

Les guerres contre les Espagnols et les Anglais se succèdent pour le contrôle du territoire. A la fin du 17è siècle, Phélypeaux de Ponchartrain, ministre de la marine confie une expédition en Louisiane à Pierre Le Moyne, Sieur d'Iberville. Il retrouvera la trace de La Salle et confortera la présence française sur le territoire, secondé par son frère, Jean-Baptiste de Bienville, qui poursuivra sa tâche après sa mort en 1702.

Le 09/04/1682, La Salle célèbre solennellement la prise de possession du territoire

Pour peupler la colonie, on fit venir des orphelines pour "prendre mari en Amérique", ainsi que toute une population ramassée dans les prisons. Les premiers esclaves noirs, en provenance des Antilles, arriveront en 1716.

C'est à cette époque que Louis XIV nomme John Law, un banquier écossais, gouverneur de la colonie. La Louisiane va connaître un développement rapide, avec l'arrivée de nouveaux colons et une importante progression du commerce.

Financier habile et sans scrupules, aux méthodes parfois fallacieuses, et malgré ses relations, John Law ne pourra éviter une banqueroute en 1720 : excès dans l'émission d'actions; dépréciation de leur valeur; panique en France; la Louisiane est alors la "peste du Mississippi". Obligé de fuir devant l'émeute, exilé à Bruxelles puis en Italie; il connut une fin de vie misérable et mourut à Venise en 1729.

John Law (1671-1729)

En 1818, Bienville réalise son rêve : fonder une capitale sur les berges du fleuve St-Louis (Mississippi), loin de son embouchure, des raz-de-marée et des cyclones. Il baptise la citée en l'honneur du Régent de France, le Duc d'Orléans et, en 1722, La Nouvelle-Orléans devient officiellement la Capitale de la Louisiane. De plus en plus de colons sont attirés, dont des allemands et quelques suisses. En 1731, la colonie compte 5000 blancs et 2700 esclaves noirs.

Après de multiples péripéties, Bienville quitte la Louisiane et son gouvernement en 1743, à 70 ans ! Il mourra à 88 ans, loin de cette Louisiane qu'il a créée de toutes pièces, dès l'âge de 19 ans, et qui n'aurait peut-être jamais existé sans son courage, sa patience et sa ténacité.

Survient alors une nouvelle période de prospérité qui va permettre des travaux d'endiguement et un développement du commerce avec la France.

Jean-Baptiste Le Moyne sieur de Bienville (1680-1767)

Malheureusement, cela ne dura pas : les guerres contres les indiens vont amener le déclin. Les colons se regroupent dans les villes, ce qui provoque une régression de l'agriculture. A ce moment-là, Versailles s'apprête à lâcher la Louisiane !

Ce sera chose faite le 03/11/1762 : la France, par le traité de Fontainebleau, cède la Louisiane à l'Espagne. Cette cession sera confirmée par le traité de Paris, le 10/02/1763, où une partie du territoire est cédé aux Anglais. Les louisianais n'apprendrons qu'un an plus tard qu'ils ont perdu la nationalité française.

La Nouvelle-Orléans est alors la seule ville d'importance, limitée au Vieux Carré. Biloxi, Mobile, Natchez, Baton Rouge, Opelousas, Les Rapides ou Natchitoches ne sont que de simples villages.

C'est à cette époque qu'un événement va modifier la population de la colonie. C'est l'exode des Acadiens, chassés par les anglais, qui arrivent dans le sud : le "grand chambardement", qui durera trente ans ! Désirant préserver leur indépendance et leur mode de vie, ils résistent à toute ingérence dans leurs affaires et refusent tout contrôle. Ils sauront garder leur culture, leurs traditions et leu foi. Ils sont les ancêtres des cajuns d'aujourd'hui.

Evangéline, personnage issu d'un poème de Longfellow, est devenue le symbole de l'exil des Acadiens. Les amours contrariés d'Evangéline et de son fiancée, séparés par la déportation puis retrouvés, mais trop tard, symbolisent pour tous les cajuns le drame de l'exil, l'arrachement aux familles, la fuite sur des voiliers insalubres et la quête d'un nouvel ancrage. Une statue de la jeune héroïne acadienne a été érigée sur la rive du bayou Teche, à Saint Martinville.

La Statue d'Evangéline

Famille acadienne traversant la baie de Berwick au nord de Morgan City

Le premier gouverneur espagnol, Don Antonio de Ulloa, doit faire face à la révolte des français qui n'acceptent pas la domination espagnole. Sous le commandement de Philippe Aubry, la résistance s'organise et oblige Ulloa à quitter la Louisiane sous les huées et ls "Vive la Louisiane ! Vive Louis ! A bas les Espagnols !" Le nouveau gouverneur arrive le 17/08/1769 accompagné de deux mille soldats. Alejandro O'Reilly, dit "Le Sanguinaire", réorganise complètement la colonie, mais laisse derrière lui haine et rancœur.

Son successeur, Unzaga, réconciliera les créoles avec les espagnols, qui s'intégreront dans la société en adoptant souvent la langue. La colonie prospère et tout le monde le regrettera lorsqu'il sera remplacé, en 1777, par Bernardo de Galvez, jeune Andalou de trente ans.

Les guerres contre les anglais continuent. C'est sous son gouvernement que les l'Espagne prit, en 1779, Manchac, Baton Rouge et Natchez aux Anglais, puis Mobile en 1780 et Pensacola en 1781. Il sut favoriser l'essor commercial, avec la France notamment. C'est lui qui fonda New Iberia et Galveston (initialement Galveztown). Nommé en 1785 vice-roi de la Nouvelle Espagne (Mexique), il mourut à Tacubaya le 30 novembre 1786, plongeant la population dans un profond désarroi. Sans que cela fut jamais prouvé, certains pensent qu'il fut empoisonné. Les paroisses louisianaises Feliciana (East et West) auraient été nommées en hommage à sa femme, qui s'appelait Félicité.

La population louisianaise est alors de 29 000 âmes (dont 5 000 à La Nouvelle-Orléans). Les immigrants arrivent en masse, de France, d'Espagne, mais aussi des colonies anglaises. A cette époque, La Nouvelle-Orléans sera reconstruite après avoir été complètement détruite par un incendie

Bernardo de Galvez y Gallardo

En août 1791, une révolte des Noirs et des petits blancs, suscitée par Toussaint Louverture, contre le despotisme des grands planteurs provoqua le massacre de nombreux blancs. Beaucoup de survivants s'enfuirent vers la Louisiane, certains avec leurs esclaves restés fidèles. Toute cette population antillaise introduisit en Louisiane des coutumes nouvelles.

Ces nouveaux arrivants, aristocrates pour la plupart, apportent à la vie de la colonie, la brillance intellectuelle qui lui manquait. Ils créent la première troupe de théâtre et le premier vrai quotidien "le Moniteur de la Louisiane", qui deviendra plus tard "L'Abeille" et sera le dernier quotidien de langue française en Louisiane, ne disparaissant que le 27/05/1923.

Révolte des noirs et des petits blancs à Saint-Domingue

Mais les esclaves se révoltent, les idées issues de la Révolution Française font leur chemin aussi dans la colonie. Les idées républicaines progressent. Ce qui aboutira à la déclaration de guerre à la jeune République Française par la monarchie espagnole.

Finalement, la rétrocession de la colonie à la France interviendra en 1800; elle compte alors 50 000 habitants et est devenue plutôt prospère. Les français, bien que reconnaissant l'apport des espagnols, refuseront toujours de prendre leur langue, leurs coutumes et leurs idées. L'influence de la France se renforcera même pendant cette période.

Le retour de la Louisiane dans le giron de la France est concrétisé par le traité - secret - de San Ildefonso, signé le 1er octobre 1800 par Bonaparte et Charles IV d'Espagne. Bonaparte espère alors instaurer un nouvel empire colonial. Mais après ses défaites en Europe, il devra abandonner ses ambitions américaines.

Paradoxalement, officiellement la Louisiane redevient française le 30/11/1803, alors que Bonaparte, l'avait, purement et simplement déjà vendu aux Etats-Unis. Les accords de rétrocession resteront secrets jusqu'au 26 mars 1803, date à laquelle le préfet aux colonies, Pierre Laussat, fera l'annonce du transfert. Les Louisianais, qui avaient appris avec décalage qu'ils étaient devenus espagnols et s'étaient demandé pendant des années si ce changement de nationalité allait réellement apporter des modifications à leur vie, découvrent donc, avec deux ans de retard, qu'ils sont redevenus français. Ils apprendrons le 8 août qu'ils ont été vendus par la France aux Etats-Unis le 30 avril...

Le 30 novembre, le drapeau tricolore remplace officiellement les couleurs espagnoles au sommet du mât de la place d'armes (Jackson Square). Le 20 décembre, vingt jours après, il est remplacé par la bannière étoilée devant une foule silencieuse. La Louisiane constitue un cadeau royal pour les Etats-Unis leur permettant quasiment de doubler leur superficie... un cadeau qui ne leur a coûté que 11 250 000 dollars !

L'envoi des couleurs américaines

La cohabitation avec les américains ne se fera pas aisément, car on voit d'un mauvais œil ces nouveaux venus anglophones et protestants. Le premier gouverneur américain sera William C. C. Clairbone et la Louisiane de viendra un nouvel état de l'Union en 1812. Cette période sera marquée par une importante augmentation de la population, tant américaine que française.

La bataille de la Nouvelle-Orléans

Mais le conflit avec les anglais, qui cherchent à prendre La Nouvelle-Orléans, persiste. La guerre va durer trois ans, de 1812 à 1815. Bizarrement, cet événement va renforcer l'unité des louisianais : toutes les origines se regroupent en masse aux côtés des américains contre les anglais. Même le pirate Jean Lafitte mettra sa flotte à la disposition des américains. Le point final sera la bataille de La Nouvelle-Orléans , le 8 janvier 1815, où les anglais seront définitivement battus. Le conflit avait repris de la vigueur en avril 1814 car les Britanniques, ayant vaincu Napoléon sur le continent, purent s'intéresser de nouveau à ce qui se passait outre-Atlantique. La victoire spectaculaire de l'Union fut remportée alors que le traité de Gand, qui mettait fin aux hostilités et marquait la réelle indépendance des Etats-Unis, était signé depuis deux semaines. Andrew Jackson, qui infligea à cette occasion une rude défaite aux Anglais avec un minimum de pertes américaines, fut considéré par ses compatriotes comme un héros et largement célébré comme tel à La Nouvelle-Orléans.

Dès lors, le progrès peut vraiment entrer en Louisiane : Chemin de fer, Canne à Sucre, Coton, architecture,... Malheureusement, cela n'est possible que grâce à des "armées d'esclaves", ce qui divisera les américains et provoquera la Guerre Civile, la "Guerre de Sécession", qui plongera la Louisiane, pendant 17 ans, dans la plus grande tragédie de son histoire.

C'est le 26 janvier 1861 que la sécession est votée par 113 voix contre 17 : l'état se déclare libre, souverain et indépendant, avant de rejoindre les Etats Confédérés. Les Nordistes s'emparent de La Nouvelle-Orléans le 25 avril 1962 après cinq jours de bataille acharnée. Le général Butler y établit son commandement et deviendra pour les louisianais l'homme le plus haï de leur histoire.

La guerre s'achève le 2 juin 1985 par la défaite des Confédérés. L'occupation militaire de la Louisiane durera jusqu'en 1877, période pendant laquelle le pays va difficilement reprendre vie.

Soldats de la Confédération

Le développement sera lent et progressif, de 1877 à 1920, et marqué par la découverte du pétrole en 1901, et la conquête du chemin de fer qui facilite les communications entre le Sud et le Nord.

La Louisiane entre dans le XXè siècle et va connaître un décollage économique exceptionnel.

La Louisiane, dont la capitale est Baton Rouge, est un des plus beaux états américains. C'est aussi le pays des bayous, un univers mystérieux, des marécages où les animaux pullulent. C'est un vrai labyrinthe de bras de fleuves qui se contournent dans tous les sens, entourés de cyprès couverts de mousse espagnole. Il est souvent difficile de savoir où est la terre, où est l'eau ! Les fleuves et les rivières ont sculpté la Louisiane. C'est aussi le paradis des écrevisses !

La Louisiane s'est aussi construite grâce au coton. Les immenses plantations qui ont vu le jour à la "belle époque" sont un peu devenues un symbole de la région. Tout le long des rives du Mississippi, d'immenses domaines et leurs magnifiques demeures subsistent et font toujours le bonheur des touristes.

La nature tient une grande place dans le cœur des louisianais. Les bayous et le Mississippi, le fleuve avec un grand 'F' sont le royaume des chasseurs et des pécheurs. Le bassin de l'Atchafalaya est le plus grand marais américain après les Everglades de Floride.

 

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