Blues

Bien que très proche de l'état du Mississippi, New Orleans, de part une tradition plus urbaine, n'a pas donné de pionniers comme la région du Delta.

Le blues a été intégré au jazz, ce qui a permit son renouvellement. Il n'est pas étonnant que les premiers grands bluesmen issus de la ville soient des pianistes.

 

Avant d'être un pianiste de blues, Champion Jack Dupree fut cuisinier puis boxeur, ce qui lui valut son surnom. Après une enfance dans le même orphelinat que Louis Armstrong, il commença à jouer dans les bars et les bordels de la ville, ainsi que dans les plantations, à l'époque de la coupe de la canne à sucre. Il enregistra ses premiers disques dans les années 40 et ne cessa de se produire dans tout le pays. Une tournée l'emmena en Europe en 1958. Constatant l'enthousiasme du public européen pour sa musique, il s'installa en Angleterre où il restera quinze ans, avant d'aller en Allemagne. Il ne rentrera à New Orleans qu'à 80 ans, en 1990. Avant sa mort, en 1992, il enregistrera encore quelques superbes disques et participera pour la première fois au Jazz Fest.

 

 

Après des débuts en tant que guitariste, Cousin Joe, fera tout d'abord carrière à New York à l'époque du be-bop, enregistrant avec des artistes comme Sidney Bechet. Ce pianiste enthousiaste retournera à New Orleans dans les années 50 où il terminera sa vie en jouant et chantant dans les clubs de Bourbon Street. Très populaire en Europe, il s'y rendra plusieurs fois en tournée.

 

 

Le plus célèbre bluesman louisianais est sans conteste Clarence "Gatemouth" Brown. C'est au Texas où sa famille était installée qu'il commença la musique, d'abord comme batteur/chanteur puis comme guitariste. Il enregistra ses premiers disques dans les années 50 et devint vite le principal rival de T. Bone Walker. Sa première tournée européenne date de 1955 et depuis cette date il parcours le monde jouant devant des centaines de milliers de spectateurs. Avec un répertoire très vaste et très varié, il est également un des rares à jouer le blues au violon. Dans les année 90, il obtint un Grammy bien mérité.

Jusqu’à la fin de sa vie, ce merveilleux guitariste demeura le gardien de la flamme d'une musique du Sud de qualité, que ce soit de la country, du zydeco ou, bien sûr, du blues.

A la fin du siècle dernier, à 75 ans, il a sorti deux magnifiques albums avec le Big Band de Wardell Quezergue.

Snooks Eaglin, autre guitariste (aveugle) de New Orleans, débuta sa carrière très jeune, en 1949, à 13 ans, en remportant un concours organisé par la radio WNOE. Rapidement, il eut l'occasion de faire du studio, jouant derrière d'autres artistes, et formant son propre groupe, les Flamingos, dans lequel figurait également Allen Toussaint. En 1958, il enregistre un disque de folk-blues pour Folksway. Après plusieurs titres R'n'B pour Dave Bartholomew, il fit une tournée, mais n'eut pas le succès escompté. On ne le retrouve que plus tard, en 1971, avec Professor Longhair et régulièrement au New Orleans Playboy Club. Sous contrat, depuis 1977, son talent est enfin révélé au public grâce à de superbes albums chez Black Top. Véritable juke-box humain, Snooks Eaglin est fut un pilier de la scène néo-orléanaise comme le prouve un de ses derniers disques, enregistré en public… au Japon !

Bien que natif du Mississippi, Eddie Jones, plus connu sous le nom de Guitar Slim, enregistra, en 1954, à New Orleans ce qui allait devenir un standard du blues, "The Things I Used To Do". Pour la petite histoire, le pianiste de la séance, originaire de Floride, s'appelait Ray Charles. Véritable homme de scène, Guitar Slim sera un précurseur, s'habillant de façon très colorée et utilisant un cordon de plusieurs dizaines de mètres, ce qui lui permettait d'aller jouer jusque dans la rue, lors d'un concert. Il préfigure alors les futures prestation d'un Jimi Hendrix. Malheureusement l'alcool, dont il abusait, ne lui permettra pas de réitérer ce succès. Il décède en 1959, à 32 ans.

 

 

La région de Baton Rouge fut aussi un bon réservoir de talents pour le blues. Originaire de Zachary, Robert Pete Williams fut très actif dans les années 30 et 40 avant de voir sa carrière brutalement interrompue suite à une histoire de meurtre.

Lightnin' Slim, lui, obtint son premier succès en 1954 avec "Bad Luck", son premier disque. Il fera encore mieux en 1959 avec "Rooster Blues". Il décédera en 1974, après une carrière en dents de scie, alors que son talent méritait mieux.

 

Commercialement parlant, Slim Harpo eut plus de chance. Des tubes comme "I'm A King Bee" (1957), "Rainin' In My Heart" (1961) ou "Baby Scratch My Back" (1966) le propulsèrent au sommet et seront repris par une multitude d'artistes, de Clifton Chénier aux Rolling Stones.

 

D'autres artistes tout aussi intéressants tels Lazy Lester, Silas Hogan, Katie Webster et Tabby Thomas complètent le lot de musiciens qui ont créé un style généralement dénommé Swamp Blues.

 

La flamme du blues louisianais reste très vive avec des artistes comme Larry Garner, Rafuf Neal et son fils Kenny, Chris Thomas, le fils de Tabby, mais aussi Marva Wright, Tab Benoit, l'"émigré" Bryan Lee, Corey Harris, Henry Butler ou John Mooney.